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- Bénigne Gagneraux (1756-1795)
Le Génie des Arts, 1789
Huile sur toile - 109,5 x 83,5 cm
Vizille, Musée de la Révolution Française
Photo : Musée de la Révolution Française - Voir l´image dans sa page
5/8/10 – Acquisition – Vizille, Musée de la Révolution Française – Nous n’avons pas parlé des enrichissements de Vizille depuis 2006 alors qu’il s’agit d’un des musées français les plus actifs dans le domaine des acquisitions. Nous rattraperons notre retard dans des brèves à paraître prochainement, mais nous voudrions commencer par l’achat le plus récent, un superbe tableau de Bénigne Gagneraux, Le Génie des Arts (ill.) provenant d’une collection privée romaine par l’intermédiaire de la Galleria W. Apolloni.
Né à Dijon, Gagneraux était l’élève de l’Ecole de dessin de cette ville dirigée par le peintre François Devosge. Premier lauréat du Prix de Rome institué en 1776 par les Etats de Bourgogne [1], il partit la même année pour l’Italie où il resta jusqu’à sa mort précoce [2] et où il fit carrière, exécutant notamment un plafond pour la Villa Borghèse et obtenant plusieurs commandes importantes du roi de Suède. L’artiste a fait l’objet, en 1983, d’une rétrospective organisée par l’Académie de France à Rome et le Musée des Beaux-Arts de Dijon [3].
Si le tableau acquis par Vizille n’était pas encore réapparu en 1983, sa composition était connue par une autre version, de taille comparable et sans variantes importantes mais en moins bon état de conservation, appartenant au Musée des Beaux-Arts de Dijon [4]. La composition était décrite par le frère de l’artiste dans une lettre envoyée à Devosge le 30 mai 1789 : le Génie est entouré de trois putti représentant chacun un art différent (de gauche à droite : la sculpture, le dessin, l’architecture) ; au fond à droite, sur une colline, on distingue le temple de la gloire vers lequel vont se diriger les personnages, « sur un chemin couvert d’épines symbol[isant] [l)es paines (sic) que l’on éprouves (sic) pour [y] parvenir. »
Le Génie des Arts et sa délicatesse presque androgyne est bien représentatif du style de Gagneraux. Son art, anacréontique et gracieux, est ainsi opposé avec justesse par Sylvain Laveissière à celui du « néoclassicisme pur et sévère de David ».
Cette œuvre vient rejoindre, au sein du musée, une nouvelle section ouverte en 2009 sous le nom de Galerie de l’Académie, « consacrée aux rapports entretenus pendant la période révolutionnaire par la jeune génération de peintres et de sculpteurs avec l’organisation et l’enseignement traditionnel des arts, fortement remise en cause. »