16/12/09 – Acquisitions – Lille, Palais des Beaux-Arts – La donation récente de quarante-huit œuvres au musée de Lille, qui fait aujourd’hui l’objet d’une exposition, est absolument remarquable. Les collectionneurs, Philippe Laporte et Yannick Pellegrin, sont d’authentiques amateurs qui ne disposent pas de gros moyens, mais qui remplacent l’argent par le goût, la connaissance et l’opiniâtreté. Passant leurs week-end à courir les ventes aux enchères et les brocantes, ils ont réussi à réunir un ensemble à la fois homogène et d’une très haute qualité de sculptures et dessins créés entre 1850 et 1950, essentiellement dûs à des artistes lillois ou nés dans la région. Généreusement, ils avaient déjà fait plusieurs dons au musée, notamment une Etude de Christ par Luc-Olivier Merson en 2002 (ill. 1) et un dessin d’Arnould de Vuez (ill. 2) en 2005. Mais ce sont les œuvres offertes en 2008 qui constituent l’essentiel de cette exposition, complétée par quatre objets qui leur appartiennent toujours. Lorsqu’on les interroge sur la raison de leur geste, ils répondent modestement qu’ils ne disposaient plus de suffisamment de place pour tout exposer chez eux. L’ensemble offert n’est en effet qu’une partie de leur collection qu’ils continuent encore à enrichir.
-
- 1. Luc-Olivier Merson (1846-1920)
Etude pour le Christ du tableau
La Vision du Musée de Lille
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
-
- 2. Arnould de Vuez (1644-1720)
La Paix et la Justice se donnant la main
Lavis et encre sur papier - 29 x 25 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
Remarquons cependant qu’il est dommage qu’aucun catalogue n’ait été publié à cette occasion, à l’exception d’un petit fascicule présentant l’essentiel de la donation. Le musée a publié dans le dossier de presse une très intéressante interview des collectionneurs qu’il nous a aimablement autorisé à reproduire ici.
-
- 3. Vue de l’exposition consacrée à
l’exposition de la donation Laporte-Pellegrin
De gauche à droite et
de haut en bas :
Constantin Meunier (1831-1905), Tête de puddleur, 1890
Naoum Aronson (1872-1943), Louis Pasteur
Agathon Léonard (1841-1923), La paysanne
Agathon Léonard (1841-1923), Sainte Cécile, 1888
Constantin Meunier (1831-1905), Le mineur, 1904
(terre cuite, bronze, céramique)
Alphons-Amédée Cordonnier (1848-1930), Le Semeur
Alphons-Amédée Cordonnier (1848-1930), Héraut d’armes
du XVIe siècle - Voir l´image dans sa page
Alphonse Colas est l’un des plus importants peintre religieux au XIXe siècle dans le Nord. La donation comprend deux dessins de cet artiste (ill. 4 et 5)
-
- 4. Alphonse Colas (1818-1887)
L’Assomption de la Vierge
Crayon - 48,5 x 21 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
-
- 5. Alphonse Colas (1818-1887)
La Vierge
Crayon - 48,5 x 21 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
L’un des chefs-d’œuvre de la collection est un grand plâtre de Lucien Brasseur (ill. 6), réplique d’une des huit sculptures installées sur le parvis du Palais de Chaillot, commandées à l’occasion de sa construction en 1937.
-
- 6. Lucien Brasseur (1878-1960)
Les Oiseaux, 1937
Plâtre - 140 x 45 x 60 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
La donation comprend une plaque en bronze par Edgar-Henri Boutry (ill. 7), l’un des artistes lillois (ils furent nombreux) à avoir obtenu le Prix de Rome. Il s’agit d’une réduction d’un grand bas-relief en plâtre donné en 1892 au Palais des Beaux-Arts par le sculpteur.
-
- 7. Edgar-Henri Boutry (1857-1938)
L’Amour et la Folie
Bronze - 52 x 37 x 7 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
Deux sculptures par Emile Morlaix (ill. 8 et 9) ont été offertes par Philippe Laporte et Yannick Pellegrin. Cet artiste, élève de Paul Landowski, demeurera fidèle à l’esthétique des années 1930 qu’il continua à pratiquer longtemps après la seconde guerre mondiale. Le Génie de la Patrie, qui date de 1958, aurait ainsi pu avoir été réalisé plus de vingt ans plus tôt, ce qui n’enlève rien à ses grandes qualités esthétiques.
-
- 8. Emile Morlaix (1909-1990)
Le Génie de la Patrie, 1958
Plâtre - 110 x 47 x 40 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
-
- 9. Emile Morlaix (1909-1990)
Buste d’Apollon
Plâtre - 110 x 47 x 40 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
Le musée lillois conservait déjà de nombreuses sculptures d’Alphonse-Amédée Cordonnier, également un Prix de Rome (en 1877) formé à Lille. La donation vient enrichir ce fonds de deux œuvres, un bronze (ill. 10) et un buste en terre cuite (ill. 11)
-
- 10. Alphonse-Amédée Cordonnier (1848-1930)
Héraut d’armes du XVIe siècle
Bronze - 68 x 28 x 26 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
-
- 11. Alphonse-Amédée Cordonnier (1848-1930)
Le Semeur
Terre cuite - 35 x 37 x 25 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
Elle permet également la redécouverte d’un artiste assez fascinant, lui aussi originaire du Nord, lui aussi Prix de Rome (en 1906) et ayant travaillé à Lille au XXe siècle : Aimé-Gustave Blaise. On y trouve en effet deux plâtres, exécutés à quarante ans de distance. Conscience (ill. 12, à gauche), représente Caïn poursuivi par sa conscience. L’aspect presque baroque de cette sculpture se retrouve, quelque peu apaisé dans le Dernier Baiser (ill. 12 et 13) où la Vierge dit un dernier adieu à son fils crucifié. On aimerait en savoir davantage sur ce sculpteur très original.
-
- 12. Aimé-Gustave Blaise (1877-1961)
A gauche : Conscience, 1907
A droite : Dernier Baiser, 1947
Plâtres
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
-
- 13. Aimé-Gustave Blaise (1877-1961)
Dernier Baiser, 1947
Plâtre - 78 x 49 x 22 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : Didier Rykner - Voir l´image dans sa page
Le Musée de Roubaix avait remis à l’honneur il y a quelques années Agathon Léonard. Celui-ci est représenté par deux œuvres : un buste en biscuit émaillé représentant une Paysanne (ill. 14) et un relief en bronze fondu par Thébault Frères (ill. 15). On verra également dans l’exposition un buste en marbre de Léonard appartenant toujours aux deux collectionneurs.
-
- 14. Agathon Léonard (1841-1923)
La paysanne
Biscuit et émail cristallisé polychrome -
26 x 12 x 10 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
-
- 15. Agathon Léonard (1841-1923)
Sainte Cécile, 1888
Bronze -
37,5 x 21 x 2 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
Seul sculpteur parisien de la donation, Paul Landowski est représenté par un buste en bronze (ill. 16) de l’écrivain et homme politique Gaston Riou (1883-1958).
-
- 16. Paul Landowski (1875-1961)
Gaston Riou
Bronze - 64 x 54 x 24 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
La collection comprend aussi plusieurs sculptures du belge Constantin Meunier (ill. 3) dont une très émouvante Mater Dolorosa en bronze (ill. 17)
Signalons encore deux dessins :
Une feuille de Léon Comerre qui démontre à quel point les deux donateurs savent choisir leurs œuvres en privilégiant la qualité. Léon Comerre, on a pu le voir récemment dans la vente d’une partie de son atelier organisée à l’Hôtel des Ventes, est un artiste très inégal. Or, le dessin offert (ill. 17) est d’excellente facture, bien digne des grands dessinateurs de la seconde moitié du XIXe siècle dont Luc-Olivier Merson, également représenté ici (ill. 1).
-
- 17. Léon Comerre (1850-1916)
Un personnage drapé à l’ancienne
Crayon - 48 x 32 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
Une belle aquarelle représentant un oiseau, tétras ou coq de bruyère, attribuée à Emile Bernard (ill. 18) [1]
-
- 18. Emile Bernard (?) (1868-1941)
Un grand tétras ou un coq de bruyère
Aquarelle - 19,2 x 16,8 cm
Lille, Palais des Beaux-Arts
Photo : RMN - Voir l´image dans sa page
Notons enfin que le Palais des Beaux-Arts de Lille organise, parallèlement à la présentation de la donation Laporte-Pellegrin, une exposition intitulée e.motion graphique. Son objectif est de confronter œuvres vidéos et dessins anciens. Si le propos reste quelque peu obscur (d’autant que, là encore, aucun catalogue ne l’accompagne), cette présentation est l’occasion d’admirer plus de 170 feuilles appartenant à la collection du musée.